Le réalisateur marocain Hassan Benjelloun en exclusivité au Progrès Egyptien (2)

Hala El-Maoui Mardi 03 Novembre 2020-11:09:12 Art
Pour la Cause
Pour la Cause

«Pour la cause» est le dernier opus du réalisateur marocain Hassan Benjelloun. Le Progrès Egyptien a interviewé exclusivement le réalisateur marocain. La semaine dernière était la première partie de l’interview et aujourd’hui c’est la dernière partie.

* Le Progrès Egyptien : Il y a une scène extraordinairement symbolique quand des « ennemis » ont pénétré dans une maison où l’on chantait Oum Koulthoum. Ils sont restés figés par la beauté du chant. Justement la musique est un composant omniprésent dans presque tous vos films. Qu’est-ce qu’elle représente?

• Hassan Benjelloun : La musique c’est des références. Et quand on perd les références on perd les valeurs. Si j’entends Mohamed Abdel Wahab, Abdel Wahab Edoukali, Abdel Halim ou Belkhayatt, ça me situe dans un cadre, un lieu ou une situation. Laissez-moi vous dire que la chose qui unit Israéliens et Palestinien c’est Oum Koulthoum, Mohamed Abdel Wahab. Les marocains juifs qui se sont installés en Israël n’écoutent que la musique marocaine ça leur fait penser à leur pays parce que ce sont des références.  

* Depuis « La chambre Noire » et jusqu’à votre dernier film « Pour la Cause » vous traitez les grandes causes. Est-ce que tout réalisateur arabe doit absolument être engagé ?

• H.B : On a de la chance de pouvoir faire du cinéma mais malheureusement on ne peut pas rêver comme un cinéaste du monde parce que nos sociétés ont besoin de nous. Nous avons une responsabilité et sommes obligés d’accompagner les souffrances et les problèmes de nos sociétés. Donc on ne rêve pas comme on veut. On a une responsabilité. Moi j’ai plein de scenarios mais je les laisse de côté parce que ça ne fait pas évoluer ma société.

* Vous n’avez pas engagé des stars, pourtant ils peuvent remporter le box office ?

• H.B : Si la star me convient pour le film je l’engagerai. Mais je vois que le public, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne s’identifie pas à la star mais à une figure qu’il ne connait pas.

* Vous traitez un sujet sérieux mais avec sarcasme.

• H.B : Dans ma vie je prends les choses avec beaucoup de légèreté même en étant sérieux. On a pris les personnages et on a essayé de leur donner un caractère, un travail fait avec mon coach Abdallah Chakeri. J’ai choisi un casting qui me convient avec des têtes que j’ai repérées. D’ailleurs, ils ne sont pas connus mais ce sont des professionnels du théâtre. Avec Chakeri on a stylisé les personnages et ensuite on donné le dialogue qui convient au style de chaque personnage. Il faut dire que le budget était limité et quand c’est le cas il faut préparer sérieusement. Nous avons pris presque trois ans de préparation.

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